Autour du Tourteau Fromagé

20 juillet 2013
Le Tourteau fromagé est une vraie légende dans notre région, Marie-Claire Lambert, lui a même dédié un poème…
Le tourteau fromagé
Appétissant, dodu, sous sa robe de bure,
Le Tourteau fromagé du beau pays mothais
A gagné les faveurs des exigeants gourmets
Quoique peu vaniteux de sa sobre parure.
Sous sou aspect bourru, il cache un vrai cœur d’or,
Et sa dégustation sauve son apparence.
Il est resté modesre, en ce vieux coin de France,
Fidèle à son terroir, au sauvage décor.
Il était le goûter de l’humble pastourelle
Qui gardait son troupeau dans le creux des chemins.
Le succulent gâteau était fait de ses mains,
Comme était faite aussi la coiffe de dentelle.
Qaund dans les frais vallons de la Sèvre Niortaise
Les jeunes du pays se trouvaient rassemblés,
Près de se séparer, on goûtait attablés
Aux délicieux tourteaux de la région mothaise.
Et le soir, en parlant de la fée Mélusine
Qui hantait les chateaux comme le loup-garou,
Le gâteau fromagé de la Mothe à Pamproux
Egayait les veillées des fermes poitevines.
Maire-Claire Lambert
Mais bien plus que cet hommage, le tourteau a également été le nom de code des Deux-Sèvres, lors de la résistance, comme l’explique cet article de la Nouvelle République.
« Patron de la Résistance dans les Deux-Sèvres, fondateur de la MAIF et de la Camif, Edmond Proust était notre dernier personnage mystère de l’été. Message pour le tourteau fromager : Chaumette est notre seul ami, vous devez lui faire confiance. Dans le plus pur style des messages de Radio Londres, c’est par ces quelques mots que le 15 août 1944, Edmond Proust, alias Chaumette, voit officialisé son rôle de commandant en chef de la Résistance dans les Deux-Sèvres. Le petit instituteur rural a 4.000 hommes sous ses ordres.
Edmond Proust était hier notre personnage mystère. La photo publiée a été prise au groupe scolaire qui porte son nom dans le quartier de Souché. « Durant une partie de sa vie, il est beaucoup sorti la nuit », écrivions-nous en guise d’indice. Car durant des mois, l’homme n’a quitté sa tanière – sur les hauteurs de la vallée de la Sèvre près de Sainte-Eanne – qu’entre le coucher et le lever du soleil. Pour rejoindre son PC, il est condamné à parcourir « toutes les nuits une dizaine de kilomètres à travers bois et fourrés plus ou moins avenants, monter et descendre des pentes vives, longer les haies et emprunter les sentiers », relate l’historien Michel Chaumet. Champion cycliste des Deux-Sèvres à 18 ans, instituteur, syndicaliste, guerrier involontaire (avant 1940, il manifestait un net penchant pour le pacifisme), de gauche sans être encarté, Edmond Proust est passé aux yeux de certains comme un « agité qui fait de la politique ». « S’il y avait en France beaucoup d’agités de cette trempe, nous ne nous retrouverions pas dans la situation alarmante où nous sommes », dira après l’avoir rencontré le général Faucher, chef régional de l’Armée secrète. L’agité a une autre casquette. Celle de grand patron. Mais un patron anticapitaliste : premier président de la MAIF avant-guerre, il construit l’expansion de l’assureur jusqu’à son décès en 1956, et après-guerre il fonde de toutes pièces la Camif. Son idée de départ : pourquoi les instituteurs ne deviendraient-ils pas leurs propres assureurs plutôt que de donner de l’argent aux actionnaires des compagnies ?
“ Un tel langage est un scandale ”
L’innovation est perçue comme une déclaration de guerre par les agents généraux d’assurance : « Nous disons qu’un tel langage est un scandale. Quand on vit de l’argent des contribuables, on n’a pas le droit de s’organiser pour les empêcher de vivre », enrage leur syndicat. Ce n’était pas pour impressionner Edmond Proust, lui qui confronté au manque d’armes, le soir où il entend la radio annoncer le Débarquement, bondit en plein dîner : « S’il le faut, nous nous battrons avec des triques. »
nr.niort@nrco.fr
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